La différence de rythme, une réalité ignorée

Qui n’a pas déjà observé au sein d’une même fratrie des différences dans certaines acquisitions basiques telles que la marche, la propreté ou le langage ? C’est un constat global et reconnu et pourtant, qui n’a pas entendu concernant son enfant, « il ne marche toujours pas ? »,  « il ne parle toujours pas ? », ou encore  « il n’a toujours pas commencé à aller au pot ? ». A l’inverse, trouver que son enfant est meilleur qu’un autre parce qu’il a commencé à marcher plus tôt ou à parler très vite. Ce genre d’attitude culpabilisante montre bien que la différence de rythme des acquisitions est niée par la plupart des parents.

Ce constat peut se retrouver aussi dans l’école traditionnelle de façon générale. En effet, elle attend des enfants des  performances, des aptitudes et des compétences communes. Elle ne semble pas s’adapter à cette réalité : le rythme des acquisitions peut varier d’un enfant à un autre. C’est un fait que les structures éducatives doivent prendre en considération pour amener l’enfant vers une logique de réussite. 

Le rôle du parent ou de l’éducateur, c’est bien de respecter ces différents rythmes pour ne pas brusquer l’enfant en devenir et pour ne pas nuire à ses apprentissages. Vouloir brûler les étapes à cause d’une pression sociale ou par comparaison est une attitude nuisible pour l’enfant. En espérant acquérir rapidement une compétence désirée par l’adulte, il risque de provoquer des effets contraires. 

8
IMG_2897

La pédagogie Montessori au cœur du rythme des enfants

Le travail de Maria Montessori montre qu’elle avait bien compris que les apprentissages dépendaient de ces différences de rythme et que l’éducateur avait un rôle important dans ce domaine ; cela passait avant tout par l’observation et la connaissance élargie de l’enfance et de l’enfant. Elle fait cette remarque judicieuse concernant les enjeux de prendre en compte le rythme de l’enfant :

« Ce qui manque, ce n’est pas le temps, c’est la patience. »

 La patience doit être, effectivement, le moteur dans l’acquisition des compétences et dans la progression de l’enfant.Cette patience est nécessaire face à un enfant qui se caractérise par une individualité qui lui est personnelle et un rythme qui lui est propre. 

Il faut lui laisser suivre ces deux composantes afin qu’il grandisse et se développe et qu’il puisse acquérir toutes les capacités nécessaires à sa vie future. Cependant, la pédagogie de Maria Montessori souligne que c’est son environnement qui doit l’y aider. C’est pourquoi, sa pédagogie est essentiellement basée sur l’exploitation de l’environnement par l’enfant.

Lorsqu’on se retrouve dans une classe d’inspiration Montessori, les enfants choisissent leur activité librement selon leur besoin et leur centre d’intérêt du moment. Et, on remarque ainsi que ces deux composantes vont être différentes d’un enfant à un autre. En effet, tandis qu’un enfant d’une même classe s’intéressera à tout ce qui touche le sensoriel, un autre portera son attention à ce qui est vie pratique ou encore un autre penchera vers la lecture et l’écriture. 

L’enfant a tout naturellement l’envie d’apprendre et possède une force qui le pousse vers sa croissance, c’est ce que développe Maria Montessori dans son ouvrage, l’esprit absorbant, aussi le rôle de l’éducateur ou du parent est-il de l’accompagner et de l’observer avec bienveillance  et donc de lui faire confiance dans ses aptitudes.

La méthode Kawkab au service du rythme de l’enfant

La méthode Kawkab est le fruit d’une observation de l’enfant dans le domaine de l’apprentissage de la lecture arabe, elle est donc naturellement centrée sur cette composante du respect du rythme de l’enfant.

Elle offre à l’enfant la possibilité d’acquérir des compétences selon son rythme et en amont de la lecture :

  • Les illustrations occupent une place importante et laissent place à la stimulation orale et imaginaire
  • Le volet auditif est tout aussi important : l’enfant peut à son rythme s’approprier les particularités sonores de la langue arabe
  • L’aspect visuel y est mis à contribution : l’enfant peut prendre le temps de se familiariser avec les formes des personnages qui correspondent à des lettres arabes et l’ancrer à son rythme dans sa mémoire personnelle
  • Les possibilités d’activités de manipulation et de jeux permettent à l’enfant de consolider à son rythme les particularités de chaque harf.